La Bleue du Nord : Précisions techniques

Précisions techniques

La population Bleue du Nord (= Bleue mixte) en Nord-Pas de Calais a toujours été faible mais stable. Si l’on comptait 420 résultats de contrôle laitier en 1970 au retour en grâce officiel de la race, on en recensait 400 en 1985, 570 en 1990 et 567 en 2015. La statistique Insémination artificielle résiste de la même façon avec 2273 IA totales en 2008 et encore 2231 en 2014.

  • Productivité
    La productivité a suivi une progression lente par le fait même du poids important accordé à la capacité bouchère. Une moyenne de race de 4155 kg de lait en lactations brutes en 1980 n’atteignait que 4208 kg 10 ans plus tard.
    La sélection orientée davantage sur le lait lors de cette dernière décennie a néanmoins commencé à se vérifier dans les chiffres. Ce n’est ainsi qu’en 2012 que la moyenne de race a pour la 1 ère fois dépassé les 5000 kg de lait en lactations brutes.
    Conservant une faiblesse chronique dans la richesse du lait, la moyenne de race en 2015 atteint 5029 kg de lait à 36.7 de taux butyreux et 31.1 de taux protéique soit 5986 kg en lactations corrigées adultes. On rappellera néanmoins que l’augmentation de la quantité de lait n’est pas une priorité, car il important étant de conserver une part de produit viande suffisante dans le produit global du troupeau, et c’est tout l’enjeu d’une race mixte.
  • Avenir génétique
    L’avenir d’une race et la confiance qu’elle donne à ses utilisateurs actuels ou futurs dépendent beaucoup du capital génétique dont elle dispose.
    Sur ce plan, la Bleue mixte offre de sérieuses garanties sur sa capacité à préserver son indépendance génétique et à pouvoir fonctionner sur le très long terme.
    Sa diversité génétique s’illustre ainsi par un réservoir franco-belge de 115 taureaux d’insémination artificielle dont 60 % de testés. Les stocks de semences du seul CIA Gènes Diffusion en France concernent 97 taureaux dont 66 testés.
    Cet effectif de mâles se répartit approximativement en 20 % de Mh/Mh, 65 % de Mh/+ et 15 % de +/+. Avec l’originalité particulière des souches Mh/Mh, on estime à 20 le nombre de familles génétiques bien individualisées et aux performances et /ou pedigrees rendant possible leur utilisation.
    La liste des vaches « élite » revue chaque année par la commission génétique franco-belge comprend habituellement 25 mères à taureaux et 40 vaches souches. Point à souligner, la dernière série comportait 42 pères différents !
    Avec l’appui des CIA BBG et Gènes Diffusion, le panel de taureaux de testage s’enrichit tous les ans de 3 taureaux Mh/+ ou +/+ et d’un taureau Mh/Mh, tous prélevés à hauteur de 6 à 7 000 doses de semences. S’il n’existe pas d’implantations de la race hors de son berceau, il est clair que la Bleue mixte ne fait porter aucun risque d’impasse génétique à ses détenteurs !
  • Pertinence économique
    La Bleue mixte convient logiquement aux troupeaux de moyenne importance et il est admis qu’à partir de 120 à 130 vaches, le recours à une race spécialisée devient préférable.
    Les éleveurs de Bleue du Nord sont convaincus des excellentes performances économiques de leur race et l’étude économique réalisée dans les 16 exploitations du réseau Bluesel ne les a pas démentis.
    Des qualités de race favorisées par la faible production laitière que sont la longévité, la faible mortalité des veaux de moins de 3 mois ( 5.4 %) des pattes solides, une parfaite résistance aux conditions froides et humides de son terroir et enfin une forte croissance compensatrice après les périodes de sous-alimentation, donnent toute sa cohérence économique à la race.
    De plus, des valorisations viande élevées pour les veaux, et les vaches de réforme qui atteignent en moyenne 383 kg de carcasse et les jeunes bovins 497 kg appuient ce constat.
    Avec 34% de lait produit en moins par hectare de SFP, les troupeaux Bleue mixte en système de polyculture-élevage obtiennent des niveaux de produit inférieurs de seulement 3 % à ceux des troupeaux Holstein. En zones herbagères, la Bleue tire extrêmement bien son épingle du jeu dès lors que sa faible production laitière est compensée par une excellente valorisation des surfaces fourragères. C’est avec sa rusticité et son potentiel boucher associés à une conduite alimentaire très économe prioritairement basée sur l’herbe pâturée et stockée que la race donne toute sa mesure.